Jésus, Agneau sacrifié pour nous racheter. Idée qui bouscule.
Jésus, Fils de Dieu. Idée qui bouscule.

Jésus, tout Amour et miséricorde, enrage d’une paternelle colère héritée et vire les marchands du temple. Un sanguin, plein de fougue qui bouscule les autorités, admoneste ceux qui le suivent et s’insurge contre les pharisiens, gardiens pointilleux de la Loi de Moïse. Pas toujours commode cet homme qui vous met en question.

L’idée d’un homme-Dieu est une épine pour l’esprit cartésien, une hypothèse indémontrable, une présence qui fait de l’Histoire une énigme temporelle. L’axe du cours de l’existence s’arrête. Il y a un avant Jésus et un après. Soit on s’en remet à lui pour guider son âme, soit on l’ignore. Il n’y a pas de moyen terme. Il « vomit les tièdes » d’après l’Apocalypse. Un radicalisme suspect ? On ne badine pas avec son amour.

L’athée, l’agnostique optent philosophiquement pour une pensée à partir de l’ idée de Dieu soit en niant son existence, soit en la mettant en doute. Position renforcée quand ce Dieu est Père non seulement de Jésus mais de l’humanité. Difficile à combiner avec les sciences de l’évolution. Chacun doute un jour ou l’autre, le nier serait de la mauvaise foi.

Cela dit, comme tout homme, il affronte son destin, donne son corps et son sang par amour pour nous libérer du péché. Comment ce pain et ce vin agissent-ils en nous ? La dernière cène est un repas convivial avant la Pâque juive, une fête macabre cette année-là, un récit d’anticipation où personne ne peut aider le protagoniste principal à éviter la torture finale.

Quand je regarde une croix, je me demande pourquoi et comment des hommes ont pu décider d’une mort aussi cruelle et insoutenable après le supplice de la montée au Calvaire. Sadisme et mal absolu tant répétés au fil des siècles. Et le voici qui sort de son tombeau, ce qui nous stupéfie, nous sidère.

Ma raison raisonne et me prive de la saveur d’une rencontre entre les lignes d’une Parole. Cependant, en présence de la musique du silence, quand mon cœur s’ouvre et entend ce Verbe, mes pauvres pensées se taisent, une secousse m’ébranle et « L’eau bénite me monte aux cils » comme le chante Linda Lemay. Il me touche, ce Jésus qui m’aime et pardonne mes insuffisances, voire ma suffisance. Je lui donnerais volontiers à boire s’il me demandait de l’eau…J’aurais aimé avoir la trempe de la Samaritaine qui n’avait pas froid aux yeux. L’aurait-elle bousculé ?

Isabelle Delvaux