La joie de trouver
Euréka ! Exclamation jubilatoire attribuée à Archimède qui, plongé dans sa baignoire, éprouve soudainement sa légèreté…Non, il vient de trouver la clé d’une énigme de la physique des fluides. Tout corps plongé dans un liquide subit une poussée verticale vers le haut égale au poids du volume de liquide déplacé. Transférons ce principe à la vie spirituelle : tout corps plongé dans l’eau du baptême subirait une poussée verticale pour dériver dans une mer de joie. La joie de la découverte du sens ultime de toute chose. Mais avant d’être soulagé de la pesanteur terrestre des questions obsédantes, il faut chercher à comprendre le monde, aimer les êtres qui le peuplent.
L’explorateur qui découvre une contrée inconnue après des heures de pérégrination, motorisée ou non, n’en revient pas d’être arrivé en un lieu dont il supputait l’existence et que son intuition lui commandait de chercher. Combien d’expériences faut-il mener en laboratoires avant de trouver la formule de médicaments ou de vaccins qui guériront des maladies destructrices ? Combien de prix Nobel ont dû éprouver de la fierté et de la joie après de heures de travail parfois décevant avant d’obtenir des résultats dans leur quête pour que l’humanité puisse bénéficier de leurs idées de génie.
S’il y a des joies scientifiques vécues en équipe après des heures de recherche, les joies les plus stimulantes sont celles suscitées par l’amour rencontré. Trouver l’âme sœur procure une dilatation du cœur qui battait trop lentement d’ennui et de langueur. Quel ravissement que ce bonheur tant cherché et qui nous est donné alors qu’on n’y croyait plus.
Et puis il y la joie de la certitude d’une Présence. Ainsi Pascal, le mathématicien, le philosophe, dans la nuit du 23 au 24 novembre 1654, coud-il un bout de papier dans la doublure de son manteau : ce sera son mémorial. Y sont notés, dans l’urgence, les mots de la foi en l’existence de Dieu qui s’impose à son esprit, à tel point qu’il en parlera comme d’une nuit de feu.
C’est sans compter sur la sagesse des paraboles du Royaume : l’évangéliste Mathieu nous raconte celle du trésor caché, image du Royaume de Dieu : l’homme qui le découvre dans un champ, tout à sa joie, le cache et vend tout ce qu’il a pour acheter ce champ. Si le Royaume est ce trésor caché, il nous est proposé de jouer à le chercher. Ainsi gouterons-nous la joie discrète de la présence ineffable de Celui qui provoque Pascal, encore lui, en suggérant un raisonnement qui peut sembler absurde : «Tu ne me chercherais pas si tu ne m’avais déjà trouvé ». De quoi faire mentir la maxime selon laquelle « les voies du Seigneur sont impénétrables ». Encore faut-il saisir sa logique humoristique.
La joie est donc tantôt l’aboutissement d’un travail long, décourageant parfois, patient toujours. Mais elle est aussi un don imprévu, cadeau d’une découverte fortuite que le Destin ou la Providence ( à vous de décider ) a guidée pour nous rendre heureux l’espace d’un frémissement intérieur dont les ondes éclairent nos profondeurs.
À vous de chercher et de trouver la demeure de la joie. Le sourire est un petit caillou blanc sur le chemin de votre quête.
Isabelle Delvaux
Mémorial de Pascal
« Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob ». Non des philosophes et des savants. Certitude. Certitude. Sentiment. Joie. Paix. Dieu de Jésus-Christ. »