Noël, la nuit particulière

À cette heure voisine du solstice, une certitude s’approche de nous et du berceau de Noël: la nuit sera toute particulière et pourrait battre un record, celui de l’envie d’espérance. Dans quelle encre brûlante tremper sa plume pour dessiner un bonne nouvelle vivante, vers quel horizon de l’âme, lumineux, chercher naissance ?

La nostalgie pourrait nous pousser, sous les guirlandes et les mélodies usées, à faire danser les souvenirs, illuminer l’espace d’un petit lopin de temps, à l’abri des cris de déracinements et des sonnettes de nos portes peureuses. Un autrefois de neige, de cadeaux, d’éblouissement, de tables parsemées d’étoiles pour un minuit peu chrétien et son heure solennelle.

Et pourtant !

Il se pourrait bien que l’évocation du lointain nous branche sur du sens oublié: un enfant sans privilèges dont les bras s’ouvrent à quiconque, une maternité tout ordinaire dont les yeux disent l’inattendu du commencement. Faire la crèche autrement, rendre place à la simplicité du cœur, à la bonté de l’accueil, aux mains calleuses des bergers…

Et pourtant !

Il se pourrait bien que l’aujourd’hui de notre terre s’ouvre sur de l’inédit, un espace de conscience, un souffle de création qui nous poussent à rentrer chez nous, comme les mages, par un autre chemin !

Faire crèche comme une auberge de complicité entre terre et ciel, sentir le souffle du vivant comme un appel complice, laisser venir les mots de la prière mêlés à ceux de l’ombre.

Faire crèche comme un événement : la vie qui surgit dans la vie, quelque chose de grand qui nait dans le mystère, nos visages transfigurés.

Les murmures viennent de loin, ont traversé le feu et la lumière, la peur et la fête. Au sourire d’un enfant, des yeux asséchés tremblent de joie.

La beauté vient de l’amour habillé de désirs : attention, partage, accueil, silence, parole, écoute, paix, confiance… Du divin s’éveille en nous et arrive, comme tiré de son sommeil, pour réchauffer l’espérance, accueillir l’audace du changement…

Déjà, Noël annonce un an tout nouveau !

Que notre fête commune soit joie, une joie sans fin.

Hubert Batteux