Vive la réconciliation !

Constatant toutes les injustices autour de nous (dans les médias, à cause des guerres, de la pauvreté, du changement climatique, de la déforestation au Brésil, des tremblements de terre en Turquie et en Syrie…, comment croire encore à la paix et à la réconciliation entre nous, avec la création et le Seigneur ? Qu’est-ce qui peut encore nous donner cette liberté ? Pouvons-nous encore avoir de l’espoir ?

Les Israélites dans la Bible, exploités et opprimés comme esclaves par les Égyptiens, sont libérés d’Égypte par Dieu. Ils partent pour la terre promise, à la rencontre de leur liberté. Mais pour les Ukrainiens et les habitants du Yémen, par exemple, d’où viendra la libération ? Et pour les Russes qui souffrent sous ce régime ? Qui va les aider ? Les gens qui ont faim et soif parce qu’il n’a pas plu depuis des mois, quelle manne céleste va les nourrir ? Les personnes en Turquie et en Syrie qui ont tout perdu à cause des tremblements de terre, qui va les secourir ? Qui va arrêter l’injustice qui leur est faite ?

Une fois que les Israélites ont vécu dans la Terre Promise, leur pays a été attaqué à plusieurs reprises par des peuples violents et assoiffés de pouvoir. Cela s’est également produit à l’époque du prophète Habaquc. Les Babyloniens ont envahi Israël et ont causé une grande dévastation. Habaquc adresse à Dieu une prière désespérée (Habaquc 1, 2-4) :

Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler, sans que tu entendes ? Crier vers toi : « Violence ! », sans que tu sauves ? Pourquoi me fais-tu voir le mal et regarder la misère ? Devant moi, pillage et violence ; dispute et discorde se déchaînent. C’est pourquoi la loi est sans force et le droit n’apparaît plus jamais ! Quand le méchant cerne le juste, alors le droit apparaît faussé.

Les questions et les doutes d’Habaquc sont tellement reconnaissables. Où est Dieu dans les situations d’injustice ? Si Dieu existe, pourquoi n’intervient-il pas ? Ce sont des questions auxquelles aucun théologien ou philosophe n’a pu répondre de manière satisfaisante jusqu’à présent. Pourtant, il peut être réconfortant de constater que dans la Bible, partout où les gens souffrent, cette souffrance est vue par Dieu, même s’Il semble loin. Dieu voit combien les gens sont misérables et Il entend leurs appels au secours (Exode 3,7,9 ; Deutéronome 26,7 ; Lamentations 3,56-59, etc.). Il en a été ainsi pour les Israélites lorsqu’ils ont été opprimés en Égypte et, plus tard, lorsqu’ils ont été dominés par les Babyloniens. Je prie et je crois qu’Il en est encore ainsi aujourd’hui, dans notre monde marqué par l’injustice et la violence : que Dieu se soucie de l’injustice, que le sang des innocents crie vers Lui depuis la terre (Genèse 4,10). Qu’Il se soucie des gens et qu’Il leur apportera finalement le salut.

En ce Carême, comme chaque année, nous réfléchissons à la souffrance. La souffrance dans le monde. La souffrance des Ukrainiens, des Turcs et des Syriens, de nos voisins qui ne peuvent plus allumer la lumière à cause de la pauvreté. La souffrance de Jésus qui est mort sur la croix et a donc porté notre souffrance. Dans un peu moins de quarante jours, ce sera Pâques, la fête de la libération. Pour les croyants juifs, c’est la fête qui commémore la délivrance d’Israël de l’esclavage en Egypte. Pour les chrétiens, c’est la fête qui célèbre la délivrance du Christ.

Par sa mort et sa résurrection, Jésus nous a libérés du pouvoir des ténèbres, du péché et de la mort. Maintenant, cette délivrance est loin d’être visible. Loin de là. Mais une fois toutes les chaînes desserrées, la guerre, l’oppression, la violence et l’abus de pouvoir prendront fin. Dans la Bible, Dieu nous promet un monde nouveau où règneront la justice et la paix. Et même si les apparences sont parfois contre nous, nous ne devons pas attendre sans rien faire que ce grand moment arrive. Nous pouvons nous rapprocher un peu plus du royaume de Dieu en vivant comme Jésus nous l’a demandé. Dans la dépendance de Dieu et dans le service du prochain. Ainsi, tout en doutant, en priant et en aidant les autres dans la mesure du possible, nous faisons chaque jour un petit pas vers notre destination finale : le royaume de Dieu, où régneront la paix, la liberté et la justice.

La réconciliation est liée à un cœur ouvert, en conversion, accueillant et reconnaissant. La réconciliation est un choix : il y a toujours quelque chose à pardonner. Même si tout va mal, tant de choses vont bien. En ce temps de Carême, mettre les réalités en perspective et se réconcilier, donne de l’optimisme et de l’espoir en l’avenir. Alors on s’y met ?

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